En Afghanistan, l’éducation des filles sacrifiée sur l’autel du fondamentalisme

étudiante Afghanistan

C’est un retour en arrière brutal pour l’Afghanistan : depuis que le régime fondamentaliste a repris les rênes du pouvoir en 2021, plus d’un million de filles se voient refuser l’accès à l’éducation à l’aube de cette nouvelle année scolaire. Remettant au goût du jour les politiques draconiennes des années 1990, le régime a vite fait de remettre en cage des droits pourtant durement acquis… Le point sur le sujet avec Denis Bouclon !

Les filles, grandes absentes des classes en Afghanistan

C’est une rentrée des classes pas comme les autres en Afghanistan, et pour cause, les filles y sont invisibles ! Les talibans, à la barre depuis leur retour au pouvoir, ont tranché net : pas de cours pour les filles au-delà de la sixième année. Un décret qui isole encore plus l’Afghanistan sur la scène internationale, en faisant le seul pays à appliquer de telles restrictions à l’éducation féminine.

Selon l’UNICEF, plus d’un million de filles sont directement impactées par cette interdiction, tandis que 5 millions d’entre elles étaient déjà déscolarisées avant même que les talibans ne reprennent le pouvoir, faute d’infrastructures adéquates entre autres raisons. Mais encore, le ministère taliban de l’éducation a lancé l’année scolaire par une cérémonie lors de laquelle les femmes journalistes ont été exclues, les organisateurs s’excusant du manque de « lieu approprié pour les sœurs ». Pendant cet événement, le ministre de l’éducation, Habibullah Agha, a promu une soi-disant amélioration de l’éducation, insistant sur l’enseignement des sciences religieuses et modernes, tout en rappelant aux étudiants de respecter le dress code conforme aux principes islamiques et afghans.

Une politique éducative de régression sous les talibans

Abdul Salam Hanafi, vice-premier ministre du régime taliban, a récemment déclaré que l’effort pour développer l’éducation se concentrait sur les régions reculées, priorisant l’enseignement des préceptes islamiques dans les madrassas au détriment de l’apprentissage fondamental de la lecture, de l’écriture et du calcul. Si cette orientation souligne une chose, c’est une fois de plus la vision étroite des talibans en matière d’éducation, qui se heurte à leur interprétation rigide de la loi islamique, notamment en ce qui concerne l’éducation des filles. Malgré des promesses de réformes, les conditions nécessaires pour permettre aux filles de retourner à l’école restent non définies et inappliquées.

Il faut rappeler que lors de leur précédent règne dans les années 1990, les talibans avaient déjà banni l’éducation féminine. Après leur retour au pouvoir, ils ont réitéré ces restrictions, étendant l’interdiction à l’enseignement supérieur, à de nombreux espaces publics et à la plupart des emplois pour les femmes, rompant avec les promesses initiales d’une certaine modération.

Sans surprise, cette politique stricte reste un obstacle majeur à la reconnaissance internationale des talibans comme dirigeants légitimes de l’Afghanistan. Alors que l’accès à l’éducation est maintenu pour les garçons, même ce droit est terni par des politiques que Human Rights Watch qualifie d’ « abusives ». Le rapport de l’organisation note que les dommages causés à l’éducation des garçons sont souvent sous-estimés : nombreux sont les enseignants qualifiés, particulièrement les femmes, qui ont quitté le pays, les programmes scolaires ont régressé et les châtiments corporels ont augmenté, affectant ainsi la fréquentation et la qualité de l’éducation.

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